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Non à la taxe sur les boissons sucrées

Ce texte a été publié dans Le Soleil

L’étiquette de la « droite morale » est assez répandue dans notre société. Elle est lancée à quiconque essaie de règlementer les comportements des uns et des autres en société à travers un système de valeurs qui leur est propre et en utilisant toute la force de l’État pour le faire respecter. Se peut-il qu’il existe également une « gauche morale », c’est-à-dire des groupes de gens qui veulent utiliser l’État comme outil afin d’imposer leur vision de ce qui est un comportement acceptable.

C’est en fait ce que font des groupes comme la coalition Poids qui demandent depuis des années au gouvernement d’imposer une taxe sur les boissons sucrées. Il faut punir ces Québécois qui n’ont pas entendu ou tenu compte de leur message. Ne savent-ils pas que le sucre, consommé en trop grande quantité, est mauvais pour la santé? À notre grand désarroi, régler un problème en inventant une nouvelle taxe semble faire partie de l’ADN québécois.

L’intention de la coalition Poids est noble. C’est d’ailleurs sans doute pour cela qu’elle se sent habilitée à utiliser l’argent des contribuables qu’elle reçoit en subventions du gouvernement du Québec pour faire la promotion d’une nouvelle taxe sur ces mêmes contribuables. Mais est-ce que la solution proposée par cet organisme est vraiment la bonne pour lutter contre l’obésité au Québec? Certains faits tendent à démontrer le contraire. Selon des données recueillies par Statistiques Canada, la tendance lourde montre que la consommation de boissons gazeuses est en diminution constance. Entre 1998 et 2012, elle a diminué de 35%. Pourtant, les problèmes d’obésité persistent. Comment donc expliquer cette contradiction? Et pourquoi la coalition Poids vise-t-elle seulement les boissons sucrées? Qu’en est-il des Big Macs et des produits sucrés à base de lait ou de café? Seront-ils également taxés dans un avenir rapproché? La logique de ceux et celles qui revendiquent cette taxe va s’arrêter où exactement? Les contribuables sont en droit de savoir.

L’exemple danois en la matière est éloquent. Après avoir imposé la taxe en automne 2011, les Danois ont vite réalisé que la taxe n’a pas généré les effets escomptés. Au contraire, elle a incité les Danois à éviter la taxe en faisant leur épicerie de l’autre côté de la frontière en Allemagne et elle a ultimement causé un grand tort aux commerçants qui ont vu leurs chiffres d’affaires fondre. Ses effets ont été ressentis négativement par l’économie danoise, si bien que le gouvernement a aboli la taxe en automne 2012. Bref, une taxe sur les boissons sucrées est une mesure simpliste qui n’est pas à la mesure de la complexité du problème qu’est l’obésité, un problème qui a vraisemblablement plusieurs facettes sociales, biologiques et environnementales.

La proposition est tellement mal ficelée qu’elle donne l’impression d’être simplement un autre stratagème du gouvernement pour remplir ses coffres au dépend des contribuables. La seule chose qu’une taxe sur les boissons sucrées va amincir est le portefeuille des Québécois. Les contribuables québécois en ont marre de se faire dire quelles habitudes de vie sont acceptables aux yeux du « gouvernemaman » et lesquelles ne le sont pas. Informons les Québécois sur les avantages et les inconvénients des produits qu’ils consomment, mais de grâce, arrêtons de leur imposer des modèles à coups de taxes et laissons-les décider.